MOLOCH

Livrer ses enfants à Moloch (Melek), c'était les brûler en sacrifice au dieu cananéen. Par la voix de Moïse, Yahvé interdit de telles pratiques (Lévitique, 18, 21): ...tu ne profaneras pas ainsi le nom de ton Dieu;(20, 2-6): ...les gens du pays lapideront le coupable... Je retrancherai du milieu du peuple ceux qui se prostitueront à la suite de Melek. Mais les Juifs, y compris Salomon et d'autres rois, retombèrent maintes fois dans cette idolâtrie. Des enfants vivants étaient brûlés sur l'autel du dieu ou dans les flancs de la statue de bronze qui lui était consacrée pendant que les prêtres couvraient les cris des victimes du bruit des clameurs et des tambours.

Melek signifiait roi dans les langues sémitiques. Il devint le nom d'une divinité, adorée par les peuples de Moab, de Canaan, de Tyr et de Carthage et souvent confondue avec Baal. On a rapproché ce culte cruel du mythe du Minotaure, qui dévorait périodiquement sa ration de jeunes gens; du mythe de Cronos, qui avalait ses propres enfants; des sacrifiés aux dieux Incas. Sans doute faut-il voir dans Moloch la vieille image du tyran, jaloux, vindicatif, impitoyable, qui exige de ses sujets l'obéissance jusqu'au sang et prélève tous leurs biens jusqu'à leurs enfants, voués à la mort de la guerre ou à celle du sacrifice. Les pires menaces du toutpuissant roi obtiennent cette soumission absolute de sujets sans défense.

Dans les temps modernes, Moloch est devenu le symbole de l'État tyrannique et dévorateur.